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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 06:08

Parmi les théories politiques nées de la crise et que partagent droite et gauche, il est celle de l’impopularité nécessaire. Espagne, Portugal, France, Irlande, Royaume-Uni ont en commun un gouvernement ayant perdu le soutien de l’opinion et dont le propre électorat émet de sérieux doutes.

Face à cette situation politique, les gouvernants rétorquent avoir conscience de cet état de fait mais qu’ils n’ont pas le choix, que les réformes en question doivent être menées pour le bien du pays et que cette impopularité est « nécessaire ». C’est aujourd’hui encore l’un des principaux axes de défense du PASOK grec.

Pourtant, cette impopularité « nécessaire » est un poison politique, plus spécialement pour les forces de gauche. En effet, cette théorie impose à la gauche, traditionnelle porteuse d’un modèle de société alternatif au capitalisme, de renoncer à son projet de transformation de la société au profit d’une politique « TINA » (There Is No Alternative).

Ce faisant, la gauche officialise sa soumission à un modèle qu’elle a toujours combattu, ce qui permet aux forces libérales de remporter une victoire culturelle. Ce renoncement forme le socle d’une hégémonie politique et conduit la gauche vers l’auto-destruction.

L’électorat a deux réponses possibles : se réfugier dans l’abstention, ce qui remet en cause la légitimité des institutions élues et sape les fondements de la démocratie ; se tourner vers des forces qui lui proposent un programme alternatif. C’est ainsi qu’ont pu se développer ces dernières années Syriza en Grèce, Podemos en Espagne et le Front national en France. Une partie de la gauche se refusant à suivre ces préceptes dictées par le dogme libéral, elle se sépare d’une social-démocratie désormais « vendue » aux libéraux et conduit, peu à peu, à la disparition de cette dernière.

Le recours à la théorie de l’impopularité nécessaire par nos gouvernants revêt un caractère sacrificiel, elle permet à celui qui s’en réclame de se draper dans la vertu et le courage face aux lâches et aux faibles. Elle permet même de déconsidérer les éventuels opposants internes, présentés comme refermés sur leurs petits intérêts boutiquiers et/ou politiciens. La rhétorique en vient même à expliquer que tous ceux qui s’opposent (y compris les citoyens) n’ont pas conscience des « enjeux du long terme » et que « après-demain, les réformes produiront des effets bénéfiques ».

Les électeurs de gauche ne demandent pas à leurs dirigeants de se sacrifier à l’aune d’une politique qu’ils désapprouvent, mais simplement de respecter leurs engagements.

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