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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 06:32
Pont de Biscaye, Portugalete (Espagne)

Pont de Biscaye, Portugalete (Espagne)

Alors que Nantes Métropole organise son grand débat « La Loire et nous », l'idée de reconstruire un pont transbordeur est (naturellement) revenue sur le devant de la scène. Depuis quelques années, ce sujet est devenu une sorte de chimère des débats qui tournent autour de la Loire nantaise.

 

Reliant le quai de la Fosse à la prairie aux Ducs entre 1903 et 1958, cet ouvrage d'art était l'œuvre de Ferdinan Arnodin, qui avait également conçu le pont de Biscaye (installé à Bilbao) et d'une dizaine ponts de ce genre. Le pont perd de sa rentabilité après la Seconde Guerre mondiale et c'est la municipalité Orrion qui décide de le démonter, non sans provoquer quelque réaction des Nantaises et des Nantais.

 

Voilà donc que cinquante ans plus tard, rejaillit l'idée d'un pont transbordeur, à la suite de la réflexion sur le nouveau franchissement de la Loire, initié par Jean-Marc Ayrault. C'est là que va se constituer l'association « Les Transbordés ».

 

Cette proposition de nouvel ouvrage d'art qui se réfère au passé industriel de Nantes est certes bien séduisante, mais elle fait fi de la réalité urbaine nantaise.

 

Le patrimoine ne se reconstruit pas. Le nouveau pont transbordeur pourra bien être magnifique, il ne sera jamais celui du début du XXe siècle. Reconstruire, en moderne ou à l'identique, relève d'une forme de nostalgie qui ne se conjugue pas avec la réalité urbanistique. L'Île de Nantes et la rive Nord du fleuve se sont développées sans pont transbordeur.

 

Un ouvrage d'art n'est pas un élément isolé du paysage d'une ville, en comme témoigne le pont Éric-Tabarly, dont la hauteur du pilier central vient tutoyer celle des Vulcains de Beaulieu et des tours de Malakoff, formant une harmonie aérienne. Un pont moderne qui associe deux quartiers en profonde évolution et rénovation. Le pont transbordeur ne peut s'inscrire dans une logique identique, reliant une Île de Nantes qui n'a plus rien d'industriel (même si elle assume pleinement son passé avec le Parc des Machines et le Hangar à Bananes) et un quartier de la Fosse devenu résidentiel, dont les toitures sont bien plus basses que les immeubles modernes construits selon le modèle des îlots de Portzamparc.

 

De plus, la réflexion sur un nouveau franchissement de la Loire vise à décongestionner les autres ponts (particulièrement Anne-de-Bretagne) et préparer le déménagement du CHU sur la rive sud de l'Île, qui va entraîner une augmentation du trafic automobile. Un pont transbordeur ne peut répondre à ces deux objectifs, puisqu'il ne garantit pas un flot continu de véhicules. Bien sûr, la municipalité et la métropole travaillent à sortir la voiture du centre-ville, mais cela prend(ra) du temps.

 

La nostalgie ne se conjugue pas avec le développement d'une ville. La déconstruction du pont transbordeur a été une tragédie pour le patrimoine nantais, pour l'histoire de la ville, mais ce n'est pas en le reconstruisant que cette blessure s'effacera.

 

N'oublions jamais d'où nous venons, ni où nous allons.

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Published by Antoine de Laporte